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Saturday, June 26, 2004

Lubrique 

Qui sont les lubriques et les pervers dont le regard sali ? L'écart entre le désir et son objet. Onanisme indifférent à l’autre où commence l’agression du regard.
Je la regarde dans le vague pour ne pas la géner, timide, qui se touche, se mord la bouche... N’être pas reconnue comme une personne. Réduite à ses seins, femme-objet niée et ainsi agressée. Les dragues, les agressions, les voyeurismes...
Je suis le regard des hommes dans les lieux publics. Qui ne savent s'empêcher de fixer où suivre, à la dérobée, le pli du rebord d'une hanche, le bombement du ventre qui remonte au nombril, ou le remuement des seins... Et c’est sur mon regard que je tombe.
Un peu gras, petites lunettes sur le nez, barbe de deux jours, qui guète son regard à elle... Effrontément . Quelque chose de vieux et on dirait adipeux qui saute aux yeux. Le mou des joues qui se tend avec du rose, quand on devine qu’il a croisé son regard.
L’écart entre le manque et la surabondance. Le regard qui a faim et le regard qui déborde et savoure. Le désir comme manque, dans les religions et les assèchements. Le désir comme excès et débordement dans la réplétion et le plaisir.
Je ne mate jamais. Moins encore à la dérobée. Ce qui est voyeur est volé. Mais ce qui est vu est exposé. Ce que l'on observe sans honte dans les musées : l'objet et la personne. L'exposition fatale du visage, sa nudité. La rue n’est pas un musée. L’huile sur les toiles bougent. Il est admis de regarder paisiblement l’Origine du monde. Il est admis de travailler face à l’exhibition du modèle qui suggère les couleurs des plis roses. Le consentement est admis. Tout est affaire de dialogue. On ne brusque pas la vue. Regarder est une conversation.
Il faut bien entamer le dialogue. Il ne faut pas trop longtemps parler tout seul. Comme dans des blogs.

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