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Saturday, October 22, 2005

Je pique des désirs comme des papillons morts 

Elle est de dos. Il y a le bel oval opale des ongles dans une lumière du matin. Les longs doigts blancs et fins. La main posée, comme un peu recroquevillée. L'autre sur la joue, avec un doigt qui bouge comme machinalement sur la douceur de la joue. L'agilité des doigts qu'elle pose sur le ventre. Un peu de mollesse dans les phalanges qui s'effilent. Puis qui replace lentement les cheveux sur son visage. Je découvre son visage qui me convient, mais je pense à son ventre qui est blanc et j'y devine de petites pilosités qui se torsadent et ne dissimulent rien. Je ne fouille rien. Je m'émerveille de ce qui me tombe sous le regard. Je redoute les intrusions. Je ne suis qu'une pellicule photo-sensible. De gros seins avec de la sueur et un string de vieille dentelles roses. Une autre brune avec le mauve du string sous le blanc du pantalon. Celle avec de petits seins plein de coups de soleil dans son chemisier jaune qui baille avec du blanc et des mous de têtons. Elle a un petit ventre. Elles ont toutes un petit ventre qui proémine. Comme si c'était la mode. Elle a les pieds nus dans des sandales noires avec les ongles des pieds d'un blanc nacré qui brille. Il y a une semelle rose et une autre turquoise. On voit les traces blanches des bretelles d'un soutien-gorge qu'elle n'a plus dans le rouge du cou. S’y dépose ce que je retiens. Parfois, juste un peu de fripure de peau nue sur un coude.

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Thursday, October 06, 2005

Kirghize bar 

Les stars ferry pour Tsim-Sha-Tsui. Elle fait parfois deux ballets par jour. Arrive d'Australie, repart pour le Japon. Vingt ans, elle veut des photos d'elle. Il y a quatre ans, un seul mois pour apprendre le français et rejoindre les ballets de l'opéra. Elle prend un capuccino frappé et des chips. Les cheveux si blonds tirés en arrière pour le bel oval du front blanc. Elle prend des poses, son frère en Sibérie, son père resté à Bichkek. Prend les fleurs dans les vases et ferme à demi les yeux. Elle suit la nuit dans les arrêtes de lumière sur Hong Kong. Le Musée d'art moderne. S'engloutir dans les hauts plafonds du Peninsula près des palmiers et de l'orchestre. Qui recommence par le début. Je suis née à Bichkek. Les bars de Moscou et les Hotels de Monte-Carlo. Elle dit je ne sens plus mon corps. Depuis que j'ai dix ans. Son petit pull court en crochets avec ses seins derrière et son ventre lisse et d'opale. Elle sourit. Ecrit son nom en kirghize et le reste. Elle déroule son histoire. Soirée de relâche pour la troupe. Je renonce à Temple street. Les Rolls et les Bentley continuent l'encombrement des baies du Peninsula. Elle dit Prada ou Versace devant les vitrines avant de reprendre la direction d'un hotel.

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Allyson Valley 

Nous avons pris une loge au Happy Valley. Elle parie sur les casaques roses. Elle danse et son ventre brun est fripé de petits replis de mollesses. Puis elle s’appelle Allyson. Elle me dit au bar demain et me passe un mot avec : chambre 2722. Les jupes toujours un peu plus courte avec des petits reliefs comme une marqueterie d’infimes cratères le long de la cuisse qui remonte jusqu’aux ombres. Il fait 32°. Il faudrait être à la piscine ou à la porte rouge du marché des jades. Elle aime la France et elle a mis avant le départ ce string mauve sous un pantalon blanc. Je regarde les bras si lisse. L’absence quasi complète de poils. Elle me dit Lan Kwaï Fong à 10h, ce sera plus simple. Je regarde l’eau, les montagnes couvertes de forêt opaque et les buildings comme percés dans la jungle. Elle me dit New York Lower East. Je prends le star ferry pour Peninsula. Les taxis sont rouges. Elle a mit son maillot de bain rose. Nous descendons à la piscine parmi les palmiers qui bougent à peine dans un vent chaud.

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