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Monday, November 29, 2004

La gène 

Elle regarde en essayant d'échapper aux regards. Elle se tient serré un bras comme à la recherche d'une contenance. Bouge ses cheveux, regarde en bas en essayant de ne rien voir. Je vois que les regards l'agressent. N'y pas participer. L'exhibition d'elle même. Qu'on soupçonne son malaise qui augmente ce malaise. Cette vulnérabilité qui refoule l'assurance. Tant ne rien contrôler. La peau blonde et très fine. L'impression de ne connaître personne et que bien sûr eux ils se connaissent.

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Sunday, November 28, 2004

Guichet ouvert 

Elle travaille au guichet SNCF de la gare de Rennes. Les cheveux courts, chatain clair, précise, efficace. Elle a des yeux d'un bleu très pâle. Les lèvres, joli dessin, bien net, sans rien, juste la peau humide. Qui me parle. Qui m'explique. Cherche la combinaison qui arrange. Je devine qu'il y a toi derrière cette vendeuse qui un moment échappe à cet échange de renseignements. Sa peau. Sa vie quand elle rentre chez elle. Les gens qu'elle appelle. A quoi ressemble son appartement. Nous nous parlons. Un moment nous sommes comme très proches. Presque comme de la vie passée ensemble. On se comprend. Ne plus jamais se recroiser.

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Tuesday, November 23, 2004

Je n'ai rien su dire 

Elle mange un sandwich adossée à un panneau publicitaire rose. Cheveux bruns, longues torsades emmêlées, elle le tient à deux mains et regarde devant elle, dans le vide. En face, c'est moi. Je ne vais pas au-delà. Elle croise le regard. Elle soutient le regard. La distance entre nous est trop grande. La voix ne porterait pas, à moins de crier.
Plus tard, quelqu'un s'est assis à mes côtés et tout de suite il a commencé : ça ne vous gène pas que je m'assieds en face de vous, non c'est pas la peine tous ces instruments... Elle pose le crayon qui lui sert pour les yeux et le regarde. Elle finit par répondre à ses questions.
Plus tard dans la semaine, elle est dans un bar avec lui près de la gare. Il y a des copains à lui dans le bar.
Plus tard. Elle laisse filtrer le répondeur. Ou bien, ça sonne à la porte. Elle me dit "répond que je suis pas là".

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Sunday, November 21, 2004

Jeune mère 

Elle lit un livre avec une photo de bébé en noir et blanc. On dirait un guide de puériculture. Journal de bébé. Très jeune. Trés brune. Elle a la peau très fine. Tirée. Comme lissée de fatigue. Des plis infimes sous l'oeil et à la commissure de la bouche. Les seins lourds et les lèvres un peu pulpeuses et comme en sang. Comme une lassitude et un apaisement dans le regard qui se lève doucement.

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Saturday, November 20, 2004

Un peu de jus blanc 

Elle mange une pomme avec un peu de jus blanc qui bave à la commissure. Elle a un soutien gorge en synthétique rose. Un tee-shirt qui colle sous une veste noire. Cette peau si blanche et pleine, derrière l'abondance des boucles brun sombre. Comme une fine ligne blanche d'une ancienne entaille qui marque le nez et la pommette gauche. Deux petits chiens en argent sur les seins et les ongles fushias. Ce qu'il y a, c'est ce duvet au poignet sur la peau blanche. Le contraste des poils sur la peau nue. Je ne vois plus que ce triangle de peau avec cette discrète pilosité. Quelque chose d'un peu sauvage et animal. Les gestes lents de ce poignet. Qui des doigts de l'autre main en caresse le sens. Dejà je recompose tout ce que j’ignore de ses anatomies. Elle est descendue. Elle est maintenant avec une échancrure safran. Toutes les peaux conviennent.

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Thursday, November 11, 2004

Je vis dans des centres commerciaux 

C’est beau. Il y a plein de gens qui ne vont nulle part. Principalement des jeunes filles désoeuvrées. On dirait qu’elles s’y déplacent par bancs. Mes yeux sont des filets en lambeaux depuis longtemps. Je ne retiens rien. Mais je regarde s’enfuir ces belles agitations plein d’ennuis et de désirs.

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Sunday, November 07, 2004

J'aime la consommation et la publicité 

Ce qui dure est bien. Ce qui passe a peu de prix. Qui nous enferme dans cette impasse ? Puisque rien ne dure ? La publicité nous offre des mythes éphémères qui durent le temps d'une saison, d'une dégustation. J'aime les hits jetables dont je me gorge pour un mois. Le flux des modes et des objets dérisoires qui atisent mon désir. Tout s'apaise délictueusement en succombant. Tout cela lubrifie et entretient mon désir dont l'étanchement facile est ma joie. Et si c'est trop cher ? J’organise mes apétits pour ne pas sortir de la cible, bien organisée par les publicitaires. Un petit goût de mécanique à vide ?
Comme chaque jour, ces nouveaux visages qui m'accablent et qui m'enchantent ? Question d'ajustements : tout n'est pas là, mais pourquoi se priver de ce qui s'y expose ? Et parfois nous échangeons un peu plus...

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