Tuesday, July 26, 2005
Les oeuvres d'art
Je suis plus souvent dans les rues et les aéroports que dans les musées. Je regarde les petits reliefs d'huile sur les toiles avec des beaux cadres chargés de doré. Je regarde toutes les peaux que je croise qui me renvoient à celles dont je me grise. Il y a des livres et des installations mais je finis plus souvent à la terrasse d'un café. Il y a des films, des opéras et des filles dans les rues et sur les blogs. Je ne m'en lasse pas. Assis sur les banquettes de moleskine rouge, je regarde passer les visiteuses. Je regare ce qu'elles découvrent quand elles se penchent comme absorbées par un détail. Et moi par un autre. Le plus souvent, je n'ai le temps de rien et tout s'estompe. Parfois j'échange quelques mots. Je réponds. Ça devient autre chose. Au départ je ne connais personne et des anatomies. Parfois cela se complique, et je n'ai plus le temps de profiter du paysage.
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Tuesday, July 12, 2005
Strings noirs sous les lins blancs
J'aime les filles qui portent avec leur pantalon et leur jupe légère de lin blanc des strings foncés. J'aime voir dancer le blanc des fesses, plus que sur les plages où je ne choisis plus que des pays ignorés aux rives et aux plages moins accessibles. J'aime les filles dont les arabesques d'un tatouage au bas du dos ou au haut d'un sein invite, pour en suivre le trait, à plonger et recomposer ce qui se dérobe. J'aime les filles dont du ventre nu, chaque jour un peu plus découvert avec la chaleur, proémine et livre une petite masse lisse et mollement grasse ouverte sur l'infini diversité des noeuds d’un nombril. J'aime les filles dont le décrochement de la hanche se dégage soudain nu indiquant toute l'ampleur des croupes. J'aime voir marcher les filles et tout ce qui bouge en elle. Et plus ça bouge, plus j'aime regarder les filles, les cheveux et toutes les petites opulences. J'aime les pieds nus des filles dégagés de leurs lanières et les petites ficelles, chaînettes, hénné ou les couleurs de plastique sur l'arrondi soigné des ongles. J'aime démasquer les écarts de couleur entre les peaux brunis et les plis dissimulés au soleil. Les peaux blanches veinées de bleu qui apparaissent comme par effraction et qui très vite se replient. J'aime le sourire des filles, de leur bouche avec du brillant, quand je leur parle plus tard le soir et qu'elles me touchent pour se faire entendre dans tout ce bruit et après quelques balthus-pamplemousse.
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Wednesday, July 06, 2005
JR East, ligne Saikyo, Tokyo
Je ne bouge pas. Je ne connais pas les gens. Ailleurs, le temps qu'il me faut pour leur prendre la main, jouer avec leurs doigts, tout le reste. Et là, comme si elle s'appuyait. Je sens la hanche qui se pose et s'appuie contre moi. Tout son bras dans mon dos qui bouge. On ne se connaîtra jamais et quelques minutes son corps qui se calle dans le mien. Les bras nus. C'est soudain sa peau, douce et moite qui s'ajuste à la mienne. Je redoute ces contacts, ne rien forcer, je m'écarte un peu, mais elle se laisse aller. Fatigue? indifférence? Une japonaise me touche sans retenue. Comme si nous nous connaissions. Comme si nous étions si proches. Comme si tout cela était familier. Je me concentre sur ces seuls contacts que je goutte. Cette petite déflagration des contacts, des caresses, des pressions des peaux nues. Je lis qu'il y a des Japonais qui se nourrissent de ces vols. Je ne prends jamais rien qu'on ne me donne. La peau un peu chaude qui brille. Le simple goût de ce qu'on n'a pas déjà goutté. Se toucher tant et s'ignorer autant.
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Sunday, July 03, 2005
Maison blanche
Parfois je suis vide. Le monde s'inverse. Mon regard ne porte plus vers ce qui bouge ou brille. Il se protège. Je redoute les initiatives, une question, un regard. J’évite les contacts. L'impression qu'il me faut un répis. Que j’épuise ce qui me comble ou m’accapare pour quelques semaines. Que je refabrique du liquide blanc dans ma tête. Devenu saturé et vulnérable. Des rencontres comme de petites agressions que je m'efforce de ne pas provoquer quand c'est à nouveau mon regard qui déborde. Le seuil de mélanges et de petits arrangements où ma peau sature. Le temps que ça revienne. Ceux pour lesquels ça ne revient plus. Le bon rythme. Le jour où cela cède. La régulation de mon regard. Les moments où je ne vois rien. Les moments où je vois tout. L'irrigation de moi-même qui fait certaines heures qu'un détail de peau m'émeut, et qu'à d'autres, une générosité qui s'offre la nuit à la White room me rebute. Intermittence dont je ne retiens que les balthus pamplemousse.
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Friday, July 01, 2005
Pourquoi je déjeune avec Erika Edmonsson ?
Très vite je me dis pourquoi est-ce que, elle, je lui propose et pas à tous ceux que je cotoie ? Question rhétorique : le désir du visage de Erika Edmonsson et de tout Erika Edmonsson. Vite je me dis : pourquoi faire cela puisque je ne vais pas baiser avec Erika Edmonsson ? Toujours d'abord l'évidence que le désir sans sa fin (baiser), c'est assez inutile. Je pense comme ça. Et puis, je me raisonne. J'aime trop le désir pour ne pas tout prendre ce qu'il me donne et savourer déjà les découpes qu'il expose. Les instants souvent discontinus sans projet ni lendemain qu'il détache. Je vais apprendre qui elle est, ce qu'elle aime, d'où elle vient, et puis des choses plus intimes qu'elle dira avec une confusion où elle se découvrira avec retenue et abandon. Il y a un moment où l'on se dira des choses très vrais, très sincères. Presqu'au fond de ce qu'on ne dit plus, ou rarement, qu'on en est presque venu à ignorer ou même peut-être qu'on n'avait jamais su. Mais on ne se touchera pas. Pas la peine d'ajouter encore des noeuds dans du désordre. Pas un pas de plus. Ça n'aura plus lieu, cette plaie de vulnérabilité se refermera. On n'oubliera rien mais on n'y reviendra pas. Une petite gène quand on se recroisera (davantage que si l'on avait poussé jusqu'au terme), et puis cela peu à peu s'estompera aussi. La magie abyssale des premières rencontres.
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