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Thursday, April 29, 2004

Train dans la campagne, 1870 

Les musées regorgent de jeunes touristes qui sont nues. Ou quasi pour moi. Elles regardent avec lassitude et enthousiasme les tableaux. Moi je les regarde elles.

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Tuesday, April 27, 2004

Mont Abu Palace Hotel 

Un oval de noir Jaïn, deux cercles d’argent, cheveux tirés, le portable à la main, lacets géométriques de brillants qui certissent une opale. Qui garde le regard noir et vérifie jusqu’où cela peut aller. Se perdre de vue.

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Sunday, April 25, 2004

Boulistes et petite culotte 

Ils sont bavards et bruyants. C’est de l’été dans le sable tassé du terrain des Lys. Elles sont deux assises sur un banc dont on ignore rien de ce qui est blanc en haut des jambes qu’elles croisent par moment.

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Thursday, April 15, 2004

Deux filles devant la fontaine 

Elles font mines de se parler. Elles ne s’écoutent pas. Le ventre pas encore bruni qu’elles montrent. Elles me regardent passer. Je ne saisi rien, ne demande rien, ne propose rien. Je continue mon chemin vers la gare.

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Mariage à Athènes 

Venu de Siphnos. Il me dit tout ce qu’ils aiment encore se faire. J’écoute. Un peu de rouge dans les yeux avec le raki. Il dit l’infini comme un oeillet mauve. Pour le reste ne plus lire à longueur de journée que de la philosophie.

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Wednesday, April 14, 2004

Boulevard de la mer 

Bien sûr, ça y est, je les vois passer nonchalantes. Je ferme un peu les yeux. Anticipe toutes les vies que nous n’aurons pas. Le bien que l’on aurait su se faire en attendant ce que la marée emporte.

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Tuesday, April 13, 2004

On ne peut pas baiser avec tout le monde 

Jardins Boboli, au bord de la vasque de l’amphitéâtre, comment ne pas voir ce qui s’y expose. Plus habitué au nue de l’été. Je m’assieds et contemple exclusivement les nombrils. Leur chiffonnage complexe. Ceux qui ne sont qu’un oeil obscure et sans fond. Ouvert comme sur rien. Ceux qui se creusent et ceux qui débordent. Les pierres, diamant, opale, cornaline... qu’on y a percées. Parfois comme un coeur d’orchidée qui est dessiné au noir dans la peau. Qu’y puis-je ? Mes désirs inombrables. A chaque fois, l’impression d’un monde infini à découvrir. Et qu’a tout prendre c’est dans ce qu’on s’octroie que notre secret se dira. Et puis cela s’est échappé... En attendant j’ai caché tous les coïts dans le regard. Parfois nous poursuivons un brin de conversation. Tout me tient lieu, puisqu’on ne peut pas baiser avec tout le monde.

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Monday, April 12, 2004

Orgasme 

Casquette blanche de travers. Petit sac blanc ras l’aisselle. Grosse croupe de jeans comme un cercle large qui équilibre l’ensemble. Qui bouge avec rondeur. Cheveux longs devenus blonds et comme de khôl noir tout autour des yeux. Les lèvres très roses. Un pli doux à l’oeil et une mou à la bouche. Comme un étirement chaud après un moment où le corps a joui longuement. Cette satisfaction qui a comme détendue toute l'épaisseur chaude sous les vêtements. Cette unique religion qui s’est imposée comme preuve de la vie heureuse. L'exclusive religion de la mondialisation (partout répendue indifférente aux soubresauts barbares) : l’Orgasme.

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Ecole de Kiev 

Elles se regardent. Elle baisse les yeux. Tient son sac. Un journal noir et rouge en cyrillique. Echarpe de laine mauve et chemisier rose. Qui se voit, soutien-gorge acrylique noir qui ne soutient plus des seins mous et blancs. Fines boucles d’oreille d’or torsadées. Il me semble qu’elle se souvient d’une vie il y a encore si peu. Ne dit rien. Garde pour elle. Danse hongroise de Brahms sur un violon écaillé. Cheveux rouges, blouson de faux cuir avec des dorures. Grands anneaux d’or. Sourit pour elle, quand une petite tasse passe pour des pièces.

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Sunday, April 04, 2004

Détail 

Place 52. A gauche, le visage posé sur l’accoudoire, de dos, tumulte de cheveux propres comme chiffonnés par bandes dans le sommeil d’un chatain plutôt clair. Du rose aux ongles et cinq fins bracelets de petites perles argent, corail ou multicolores. Les cheveux touchent ma main quand ils remuent à la recherche d’un sommeil plus confortable. A droite, une bande géométrique de peau nue. Plus bas, la taille d’un pantalon de toile noire et légère avec quelques fines rayures argent. Plus haut, sorte de teeshirt court dans une matière de polaire bleu pâle un peu pelucheuse. Entre : le ciel et l’infini.
La peau nue et crémeuse. La climatisation y met comme une respiration, par moment, saisie par le froid qui se raidit, fait apparaître une constellation de petits picots de peau sous des poils invisibles et inexistants. Ces remuements d’intérieur, à l’insu des cheveux de l’autre bord. La vie chaude et frileuse de la peau. Puis, les infimes et immenses reliefs de cette plaine lisse. Un monde de courbes tendues dans ce plat de croupe.
Comme y poser ici lentement et avec application une langue et sa déflagration.

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Rose dentelle 

Elle s’arrête, pose son sac sur le trottoire et fouille avec anxiété. accroupie d’un coup à en extraire soudain d’un jeans noir et d’un pull court sombre la beauté blanche des fesses fendues d’un string de dentelles roses comme issues de broderies pour d’autres ages et d’un autre siècle. Je lui demande : elle me dit quinze ans, pourquoi ?

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Air Canada, A7 

Qui ne se sont rien dit. Sept heures de vol. Bottes en pointe de cuir noir, l’annulaire couvert d’alliances, culotte de soie noire et cheveux noirs très tirés en arrière. Le ventre blanc. Qui a changé de place avec une première adolescente plus nue encore. Bronzée au nombril, qui dit bonsoir avec des yeux bleus. Rien ne s’échange. Qui se cotoient et s’ignorent. Soudain, une question, qui interroge sur un chat, un commentaire sur un blog. L’étrange responsabilité de cette béance. Improbable ou inadéquat voisinage. Elle dit merci. Se penche vers le hublot, son dos nu à dix centimètres que je pourrais caresser, ma main plongeant dans l’ombre sous la culotte entre les deux fesses. Ce serait doux et humide. Elle dit la mer est sauvage. Le désir tant qu’il est solitaire. Ce qu’il me fait et qui échappe. Avant de savoir observer comment cela se déplace vers le visage, les questions, les disponibilités... Mais le temps de le dire, tout est évanoui. Il y a du désir, mais sans intrusion. Y a-t-il tant de désir à éveiller ? Ou tout est-il en place, occupé, refermé ? Je me promène dans d’étranges paysages brumeux d'où montent des voix. Tout y est surtout sans que rien ne perce. Zone de turbulences.

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MG Québec 

De nuit, -12°, vent de neige qui pousse dans des arènes rouges. Elles sont deux, bottes noirs, djean pattes d’eph fendues sur la jamber dans le froid de glace. Puis, plus tard, qui redemande des vins du Chili. Qui articule plus difficilement. Un rie qui ne se surveille plus, gras et fort, lourd au fond de sa gorge rouge et toute humide, elle s’appelle M., des torsades de frisures qui chutent à la taille, les seins blancs et ouverts, quelques forts grains de beauté dans le cou, sur le sein, sur la cuisse de bas nylon sous une jupe noire à raies blanches et courte. Davantage de rouge dans les yeux, dans la bouche onctueuse avec des fils de salive, la langue qui bouge, les dents mouillées. Des seins de lait et de mollesse. Suivi de loin. Que je rejoins. Qui vous touche. Prend le bras à témoins. Des rires sonores. Qui me serre un peu, palpe. Absorber tout le ruissellement des désirs. Tout qui reste en suspension. Comme une buée en apesanteur. Une vapeur qui se dépose sur la peau un peu là où il y a de la chaleur, sous les aisselles, dans le fond collé des cuisses. Blocs de glace défaits sur le Saint-Laurent par la promenade des Gouverneurs. Puis, l’écartement des jambes dans des brasses lentes. Un fond turquoise et enfumé. La piscine extérieure. trouée dans la neige de l’Hotel Hilton en contre-plongé de l’étage 32. Des nages chaudes sous la neige comme aux Bains Széchenyi de Budapest.

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Voyages en hiver 

Tant qu’il neige, ça va. On met des raquettes. On marche dedans. Ou je regarde par le carreau. Des visages, des visages, des visages d’abord. Je regarde les ventres. Tout ce qui est nu et qui dépasse. L’hiver. L’été je vois même toute la beauté des seins un peu irrégulière, des aréoles larges, trop ou drues, les dissymétries de tous les seins, ce qui n’est pas très ferme, qui remonte, un peu oblique, qui pend un peu... il n’y a pas de fin à ça. D’où vient ce goût continue, comme animal, biologique. Quasi pas d’intermittence à ce goût des découvertes. D’abord et sans cesse mon regard est disponible. Ensuite, il y a le bruit du net. Le bruissement d’internet, des milliers de journaux qui se déversent de partout, à New York qui remontent les lignes de métro, à Londres qui parlent indi, ici qui jouent avec l’Atlantique. Vrac de vies à toutes les épaisseurs. Les affinités. Ce qui apparait, disparait. Feutré, qui se cotoient ou s’ignorent, mais les pages qui tombent. Puis des contacts, des faux contacts, des vrais contacts, essais-erreurs, de loin, sans y toucher et puis disparaissent à nouveau. Des mails qui essaient. La deuxième vie, les rencontres anonymes, pour rien, comme dans un train, un métro, mais plus assourdi, avec de la neige, sans la violence des yeux et du corps. Des voix dans la ,0grande brume du Web. C’est confortable. Ca disparait. Parfois ça tient un peu. Comme partout. Comme dans la vie. Comme si par exemple il y avait une brève et répétitive mélodie hongroise de Schubert dans un film d’un hiver en Allemagne sous la neige.

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Neige chaude 

Il neige sans discontinuer depuis trois jours. Se relever la nuit. Les paquets de blanc partout. Des effondrements de neige du haut des sapins. plein soleil dimanche. La bouée chaude des adolescentes entre la tenue de ski et le tee-shirt boléro. Y poser de la neige et voir le frisson de peau dru saisi à l’onctuosité de la hanche. Puis recouvert des nuages et brouillards. Un cabriolet rouge de motels en motels. Des grappes de lichens aux sommets des sapins hors d’age et d’immenses troncs pourrissant dans des cascades figées. Rougi par le froid. Recroquevillé dans les télésièges. Un hit prépubère d’il y a trois ans sur les pistes de Donovally. Surf et givre sur des poils de bouc. Tout assomé de blanc, comme une envie de neige chaude où se rouler nu avec ça et là d’immenses touffes de broussailles noirs comme des sexes humides et emmitoufflés. Grande chambre aux lézardes vertes et délavées par places des fuites d’eau à chaque saison. Leurs pas lourds qui gonflent les croupes. Je regarde les bourrasques de neige avec du vin chaud. Des bouches peintes en blanc contre le froid. Comme une vie immense constellée de milliards de flocons qui semblent ne se rejoindre jamais. Des vallées intactes et inaccessibles.

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Der Himmel über Berlin 

Peu à peu cela s’écarte. La vie d’un côté. Le regard, de l’autre, qui accumule des images dans les temps morts de la vie. Des images qui passent. Qui n’ont pas de prix. Que je dispose. Sans suite. Comme un Carnet des temps morts. Recueil de désirs dans les temps morts. Pour rien. Détaché. Comme une voix off dans la tête. De tout ce que l’on croise et que l’on n’entend pas. Tout ce qui se dit plus ou moins confusément dans toutes ces têtes. Que je croise. Celles qui sont absentes. Qui n’est pas dit. A personne. Du bruit, mais tout ce qui brille un instant et s’éteint. Qui s’efface. Qu’on oublie. Dont rien ne reste. L’immense beauté des désirs inassouvis. Beauté de leurs amorces, tristesse de leur disparition.

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Ambiguïté 

Elle s’appelle Delphine. Elle a une culotte de coton blanc avec un fin feston de petites boucles comme les bordures en miniature des pelouses dans les jardins publics. Plus tard, jeune, avec les ficelles qui pendent, des poches, des chaînes sur son pantalon de toile noire comme à Stokholm l’année passée, string bien sûr, puma rouge et métal, elle rie et parle fort de chanteurs du Portugal. Et puis, il y a la grande variété des hanches laissées nues par les tailles basses, ces hanches droites et sans courbe, celles qui se creusent avec comme deux fossettes qui invitent à la cambrure, les tatouages simples, iris, symboles, papillons... Et puis, croisée si rapidement, le long manteau noir qui un instant s’entrouvre, la botte lacée jusqu’au genou et le collant noir au-delà dont on ne voit pas qu’aucun autre vêtement ne vient couvrir le reste du corps avant que le manteau ne se referme et qu’elle disparaisse sans que je me retourne. A quoi bon ? Ce n’est pas parce que tout est ambigu que cela empêche d’être clair. Etre les seuls arbitres de nos frontières, si nous le souhaitons. Que le désir dans sa rumeur, n’impose jamais, brouille sans cesse. Tout ce qui m’émeut et quand je bande. Et tout continuer avec désordre et régularité. Je lis La Disgrace. Elle regarde. Elle vient s’asseoir sur la place libre. Le manteau très rouge, les cheveux très noir et un bleu très clair, un turquoise clair dans les yeux. Elle sort son livre d’un grand sac noir. Elle lit La Disgrace, chapitre 2. Elle a vingt ans. Il ne se passe rien.

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Vodka pamplemousse 

Qui lui met la main sous le menton. Pose sa bouche sur la sienne. Dans un Café. Il fait nuit. Du bruit. Je continue. Plusieurs Cafés. Il commence à faire froid. Je monte à l’étage. Au déjeuner, les cheveux noirs, la veste mauve avant le nombril, un macaron à damier rouge et blanc sur l’épaule. Ils font du bruit. Assourdissant. Mais qui parlent comme s’ils se comprenaient. Je prends des trucs avec du sucre. Comme le soir, avant de rentrer, vers la porte des Oudaïas. Plus de livres sur les étagères vides et géométriques. Je les regarde. Qui se lèvent. Qui s’asseyent. Qui vont vers le fond à droite. Je prends un grog avec du miel d’acacia. Le roman de Coetze. La peau tellement fine et tellement blanche. Le duvet noir devant l’oreille. Des épaules nues avec des ronds oranges et des trous sur le ventre. Soudain qui arrivent, qui se retrouvent. La façon dont il passe la main, se touchent, se rassoit. Rien. Le soutien gorge noir. La pub sur les mi-bas avec en grafitti “qu’est-ce que tu fous avec un mec pareil”. Les cheveux avec des mèches pas régulières, en ciseaux, qui remontent vers le visage. Cette vie là. Le soir il dit : mais quelle autre ? Des visages absolument vulnérables et absolument inattaquables. Les Cafés où l’on revient. Peu à peu, qui se vide. Les chemises blanches qui débordent sous la veste. Du gel plein les cheveux. Techno encore. Sourd. Encore plus fort. Puis un truc bizarre avec clarinette. Un zip entre deux seins beiges, baissé. Maintenant, elles sont trois. Elles fument. Zip chante en bougeant ses seins. Trop de bruit, mais on voit ce que fait sa bouche. Le nez très fin. Et toute la petite cascade de plis de peau moulés au Zip. Les jambes écarts, fute noir, les mains ballantes entre. Se caresse le bras gauche. Puis les deux mains dans son cou. Touche le collier, la corde. S’efforce de rire ce qui doit être fort. Je paie. Continuer ailleurs. Toujours. Des années. Ce qui continue.

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La peau blonde 

Banquette triple. Assise à côté. Qui se penche et l’enveloppe. Les bruits doux des bouches dans le paysage froid du matin. Pour qui, la culotte blanche synthétique qui sort de la taille basse, beige, et la belle plage d’un-bas-du-dos-haut-de-croupe nue, blanche, avec un infime duvet de poils blonds. Vingt centimètres. Que je ne peux pas ne pas voir. Rien l’été, tout l’hiver. Se nourrir avec le froid des petits espaces de peau qui échappent. L’été, tout l’ensemble mou et chaud avec ce qui luit, ce qui goutte, dont j’aime ce qui s’humidifie. Les secousses du train, qui se serre un peu plus, ce qui baille à la ceinture. Pour qui ? Pour se plaire ? Pour séduire ? Petits clips de désirs qu’on allume au fil de la journée. N’en rien déduire. N’en rien projeter. Simple petit fait de peau des désirs matériels. Mes forfaits et larcins. Qui ne promet, ni n’invite à rien. Petite surface de blanc avec pulsion de vie au fond, derrière, qui en fait le velours. Si je touchais ? Continuer mon chemin... Passer mon chemin.

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Ne pas marcher sur les pelouses 

Tout ce que le regard voit. Savourer ce qu’on y invente ou comprend. Et tout ce que du visage, du corps... nous laissons voir. Tout ce que nous ne mesurons pas et qui déroute. Peur du décallage entre ce que nous laissons voir et ce qui est vu. Entre ce qui est aperçu et ce qui est observé. Ce qui est offert et ce qui est dérobé. Il faut un ajustement. Ce qui est délictueux, c’est le décallage des désirs. Deviner de ce qui se laisse voir, ce qui est toléré être vu et avec une légère insistance, ce qui est exposé, la légère satisfaction de ce qui s’allume et l’effarouchement de ce qui laisse prise. Un visage qui passe et les pelouses interdites.

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Mian Mian 

Des papillons tatoués à l’épaule, elle me raconte la fille séparée de Mian Mian, sa vie à Londres, les fureurs de Shangaï Baby, les photos de sexshop de Tang qui font interdire le livre.

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Stealing Beauty 

Elle s’est endormie. Appui chaud contre l’épaule. Quitter un corps contre un autre. Foulard qui drape le visage avec les lèvres d’un rouge brun et les sourcils fournis. Cheveux humides. Djean délavé. Sa respiration. Piercing au nez, diam bleu de pacotille. Ne pas la réveiller. Elle me bouscule en s’asseyant, elle est rouge. n’ose pas même dire pardon, me parler. Cette espèce d’assurance, de fierté, un peu d’arrogance des filles belles. Faire soigneusement craquer ça. Très dure et sur une petite épaisseur. Très mou derrière. Doux et humide comme chacune. Leur visage de protection. Leur rire ou détresse quand cela lache.
Le passage qui ne se fait pas. Qui se cotoient puis s’éloignent. Comme des journaux qui se cotoient et s’ignorent. Parfois interfèrent. Parfois quelques regards, parfois quelques mots. Presque jamais un début de conversation, sur rien, quelque chose d’extérieur, une situation, une annonce, un prétexte... et puis qui s’éloignent aussi. Ce que je regarde et que je repasse. En rester là. Je l’aide pour sa valise. Elle dit merci. Là où elle va.
La frontière : là où le désir est encore solitaire. Ce qui se juxtapose. Chaque jour, toutes celles que je vois passer et dont je me réjouis. Bertolucci laisse le corps nu de Livonia dans des robes lègères d’un été en Toscane. Ce qu’elle montre et ce qu’il filme et ce que nous regardons. Elle s’appelle Lucy Harmon, il y a un vieux sculteur qui pétrie des formes qu’il prend à son corps.

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Ephélides 

Page perdue. Par moment je note ce qui remue mon désir. Par moment je note l’écart entre ce désir et sa satisfaction. Du pouvoir des mots au mouvoir des peaux. Par moment je me dis que c’est le désir le plaisir. Par moment je traine et ne sais plus trop, alors, je lis, je déguste, je regarde ou je lèche, m’occupe à faire monter de l’eau ou parler la nuit n’importe où.

Des grains de beauté à la bouche, dans le cou et ailleurs. Un petits duvet très bruns qui descend devant l’oreille. Djin noir pâli et casquette beige. Perle à l’oreille et ongle rosé. Du brillant à la lèvre et qui mache un chwing gum dans un roman de Keith Folley, Le réseau Voltaire. Dans une doudoun noire. Comme dans un album de Monteiro.

Par moment tout me tente, de la pulsion de vie partourt et des araignées dans les têtes. Des mondes qui proliférent partout et dans ces journaux, partis de notre seul et unique paquet d’années. Par moment ce qui s’est vidé, épuisé, agard. Attendre. Laisser remonter ce désir. Par moment donc à nouveau je traine. Combien de temps ? Dix minutes le temps que je rebande, cinq jours, une heure, dix jours.

Partout tout ce désir. Par moment l’immense attente des désirs, par moment le désir qui n’attend plus, par moment qui regrette ou qui savoure un éclat ou une histoire. Par moment des ondulations sans fin de l’ennui. Par moment à vif et ailleurs. Des pages et des pages qui tombent qui appellent, décrivent, s’extirpent.
De quel côté tout a-t-il basculé ? Y avait-il un risque ?

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Les seins de Eva Green 

Je n'aime pas l'image de ceux qui parlent des seins de Eva Green. Comme un roman de Alain Ferry sur la mer des mamelles. Bertolucci vieux qui n'a filmé que pour lisser sa caméra entre leur remuement et y insérer quelques une de ses séquences fétiches. "Filmer c'est du voyeurisme" dit Eva Green dans une baignoire chaude.
Les seins que l'on partage et les seins de Eva Green. Y poser la langue et sentir monter de la rugueur douce d'aréole. Comme tout ce qui se tend dans des lieux humides.
Ainsi sans plus bouger longtemps.
Que dire de la beauté inabordée, distante, filmée, décrite, exposée. Se satisfaire, se contenter ou profiter de ces rencontres virtuelles. Solidaire ou solitaire ? Ce journal impuissant et dérisoire face à tout ce que cela devient à plusieurs voix.
A deux voix.
Le moment du retrait. Du repos. La belle molesse opulente et blanche des seins de Eva Green. De tous les seins chauds sur lesquels essayer de continuer. Ces pages qui passent comme de la neige qui saisit... Qui goûte ou découvre là, seul, face à tous les écrans, ce qui disloque et recompose quand on en remet le nez dehors. Le contact de ce qui se lit quand la vie ailleurs reste vide. Dont en surface le creux se dissimule.
Je lis ici des pages de journaux, je vois des films, les bandes son. "Lundi 26 janvier. Le lendemain de mon anniversaire ; ainsi j'ai trente-huit ans. Soit. Il est indéniable que je suis beaucoup plus heureux que je ne l'étais à vingt-huit ans. Et plus heureux que je ne l'étais hier..." dans le Journal de Virginia Woolf. Tout un inventaire comme des préparatifs. Tout le temps passer à attendre, puis moins attendre, ne plus attendre. Observer. La bête dans la jungle. Il n'a pas cessé aujourd'hui de neiger.

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Les seins de Eva Green 

Il neige. Les arbres ont disparus presque sous la neige. Masse du cèdre et des parterres blancs vers le fond du jardin. Y revenir. Il y a ce père dans Le Retour qui ne sait pas le dire à ses deux garçons. Le mouvement feutré avec les voix qui ne portent pas. Ce qui ne passe pas. Ce qui ne se partage pas. Ce qui se ressasse pour soi et pour personne. Ce qui de la salle, le livre à la main dans un café... devait se comprendre et ne se rencontre pas. Le Retour qui n'a pas lieu dans l'eau et les bouleaux blancs. Qui ne discontinue pas : partout la neige et du blanc.

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Prendre les désirs 

Ou prendre les désirs pour la réalité. Connaître l'écart. Ne pas se duper. Savourer. La main, le poignet sur une tubulure de métro. La personne qu'on entrevoit derrière. Les mains qui bougent. La peau, un flux, un appel d'air... Le désir qui sort de soi, arrêté dans l'élan. Juste avant la rencontre. Le contacte. Celui qui débarque, partout, dans une queue, un café, une boite mail. L'illusion du sur le point de. L'extrème palpitation du vrai. Le désir avant même qu'il engage, quant bien même à rien. Comme une disponibilité. Fausse. Ou une exhibition. Comme un journal sur Internet. Pour quoi ? Entre l'entretien du désir. Le débusquer, le traquer, le susciter. Et son épuisement. Son harcèlement. Son décallage. Juste aimer désirer sans suite. Pas seulement, mais aussi.
Le goût ému, en surabondance, à côté des coïts, à côtés des dragues. Toutes les esquisses ratés pour quelques vies seulement. Alors prendre goût aussi aux brouillons. Toutes les images et les visages. Les mouvements et les voix un peu maladroites qui me troublent. Ne rien perdre de cette grande esquisse. L'esquisse de rien. Car il n'y a pas d'autre tableau.

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Couleur chair 

Qui bouscule, s'assied en face, jambes dans les miennes, longues, bottes à boutons beige ocre, jupe courte, elle écarte les genoux et je remonte le nez qui mène entre les cuisses dans l'ombre serré.
Elle a des bas couleur chair.
Il y a des petits accrocs et on voit la peau marbrés dessous, comme avec du froid ou de l'émotion. Un chemisier de voilage mauves avec de petites fleurs hors d'age sur un tee-shirt crème qui moule des seins qu'il n'y a pas et une rondeur de ventre. Les cheveux par mèches blondes un peu sale d'une journée à courir, la main sur le front à plonger dans un gros romans peut-être en anglais. Ce qu'elle écarte. Ce qu'elle regarde. Reflets dans les vitres. Ne pas croire au dialogue entre un désir et son absence dit le journal de Nelly Arcan. Les vies parallèles. Les petites extractions qu'on y fait par effraction. C'est tout. Les bas couleur chair ne mènent nulle part.

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Trouble 

Elle est de dos, au téléphone, se penche cherche dans un sac. Cheveux très courts, noirs, bottes hautes, la marque du string qui se découpe sous la jupe, se retourne, les yeux très bleus. Plus tard, je lui explique le dipositif. Les moments où l'attention est ailleurs. Plus tard déjeuner avec A. Les moments de flottements. Les hypothèses du désir. Qui n'écoutent plus. Est-ce que je pourrais ? est-ce qu'il serait adéquat ? Envisager l'accumulation de toutes les gènes saisies. Je n'aime que le larcin de ces gènes, la vérité crue des pudeurs. Comme par surprise. Elle regarde la bouche, autre chose, dévisage, envisage. La vie parallèle du désir qui reste en friche.

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De profil, en rouge 

Qui vérifie régulièrement qu'elle est observée, qui se cambre un peu, les manières, la veste rouge posée sur les épaules, qui écoute d'un air inattentif ce qu'il lui raconte. Ce dont elle a besoin, dont elle se nourrit. Sa confiance, ou cette avidité. Qui se nourrit de l'assurance que des désirs soient visibles, tendus, permanents dans le pourtour de son regard. Samsara, restaurant oriental, des cornes de gazelles. Cheveux noirs, coupe garçonne, les petits cheveux à la nuque qu'elle tripote, qu'elle caresse. Sans cesse qui se retourne. Vérifie. Se cambre bien. Du rouge très rouge à la bouche, à la veste, à la jupe et le noir des yeux. Comme satisfaite de la nuit passée ou juste avant ce rendez-vous.

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Pulpe 

Des plis. Du mou. Grosse, jeune, du luisant sur le nez, cheveux courts assez gras. Peau très blanche et poils fournis aux poignets, serpents de brillants à l'annulaire droit, duvet presque moustache à la bouche, ronde comme une hémorroïde régulière, sourcils intacts, cuisses bien posées sur le strapontin. Sentir déborder une molesse douce dans l'envahissement du poids qu'on imagine en flaques aux fesses, au ventre. Les arrondis des fripures propres. Au cou, à l'aisselle, aux doigts. Le nu du blanc avec les poils et la sueur sous mes yeux avec remuement. Tout imaginer ce qu'on peut en faire. L'eau qui y est en abondance.
Ne rien draguer. Le peu de temps pour tout. Juste ce temps là. 7 stations. Instantané du désir. Puis disparition station suivante, gare suivante, avion suivant, les couloirs, les hôtels, les cafés.

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Culotte 

Je la vois, à peine réveillée, je la croise, culotte de satin noir et tee-shirt taille enfant, ses seins blonds jusqu'au grain de l'aréole, écrasement des poils au pubis, elle me parle, je la regarde loin de la bande nue du ventre. Pagaille des cheveux blonds blancs, rouge un peu au teint, ensommeillée. Ramasse la feuille qui m'échappe, son iris tatoué à la comissure des fesses. Me la rend.

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Ne pas toucher 

Ce qui est trouble, qui tente, qui vacille, se retient, n'a pas lieu, y renonce, y revient. Tremblement du désir. Juste ce moment là.
Quand tout est vide. Tout est impuissant. Se relance et se retient. Jouir de cette tension.
Retenir, le souffle, le muscle, tout... comme avant un orgasme. Journal de ce moment-là. Après, ne plus rien écrire ici. Se retirer.
La vie ailleurs.
Tout ce qui coule et brûle. Qui met du rouge aux yeux, au sexe, à la peau. Ouvrir et parcourir, cartographier cette immense nombre d'heures inavouables, inaboutis, sans concistance et dont ne reste rien. Dont on n'aura poursuivi nulle histoire. Inentamé. Interrompu avant d'avoir été. Trop tard avant d'y mettre la main. Entre séduction, dégustation, inattention, évanescence. Entre goûter et renoncer. Flottement de la peau dans mes yeux. Juste avant de bouger le doigt. Te toucher la main, la joue.
Ne rien retenir. Simplement isoler un moment. Le moment du désir. N'en rien déduire.

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Rhubarbe 

La peau un peu grasse, une uniforme onctuosité, un peu de bronze mat, un peu souple. Molesse du sein qui bouge sous la laine fine, qui moule l'aréole, le relief du têton qui se durcit. Sans tatouage, ni laisser apparaître les grains de beauté placés sous les vêtements. Djin, chaussures pointus, cheveux propres et désordre, djin manteau gris... Bague géométrique et argent. La langue que je vois mouillée, qui bouge, se déplace avec les mots qu'elle formule. Michael Lonsdale avec sa voix basse, métallique, irrégulière sur une table voisine. Deviner un plombage au fond, en bas à droite. Fil de salive. Qui parle calmement, occupée à ses projets de vie qui ont l'air de prendre concistance, deviner la main sur le djin, qui appuie un peu entre les jambes, l'imaginer faire, doucement, délicatement, avec application, pour s'occuper, se détendre, comme négligemment, pour attendre...

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String 

Aix-en-Provence, gare TGV. De dos, taille basse, mais les couleurs de l'été sont parties. La peau blanche et nue, un peu plus nue encore du froid qui passe dans les halls, on voit un petit débordement de la taille, puis le string noir, puis à nouveau la peau, les débuts de la fesse à nue maintenant contre le jean taille basse. Qui attend. Petite masse de chaire blanche qui se contracte, se rétracte, saisie par un courant d'air. Les picots d'infimes poils invisibles de sa chaire de poule. Comme toute une intimité exposée.
La somme des détails qui saisissent mon regard. Entre voracité du désir et lubricité des choses. En rester là. Inventaires des amorces. Laisser ailleurs, plus tard, les complications souples une fois que ça drague... Le reste de la vie évacué de ce journal. Journal sans dialogue. Perdu sur le net. Sans réponse. Répéter à l'infini la mécanique de mon désir. Sa réapparition perpetuelle comme on bande.
Autre gare, plus tard, cheveux propres, en torsades, noirs, pas démélés depuis plusieurs nuit, un grain de beauté à la commissure gauche, blouson bouteille avec capuche, manches courtes. Dessous, qui dépasse, noir en manches longues et jusqu'aux genoux, une blouse, un jogging, des pumas. Qui me regarde, appelle son chum pour dire qu'elle a froid et que le train a du retard... qui raccroche, me demande mon journal, je continue Septentrion.
Plus tard, la voiture derrière, embouteillage. Qui regarde, son regard qui ne se détourne pas, dans le rétroviseur. Toujours égale distance, nos voitures qui ne se rejoignent jamais.
Thalys. Bruxelles, secouée, qui la déséquilibre, la molesse de son sein soudain sur mon visage, puis qui continue vers le bar ou les WC.
La bascule. Les semaines où les désirs s'équilibrent, les semaines où je retarde, les désirs épuisés, repus, les semaines de disponibilité, les jours, les heures. Penser à la même météorologie dans les regards d'en face. Envie, pas envie. Entre la découverte et l'insistance, entre l'observation et le désagrément, la curiosité et le voyeurisme. Entre la disponibilité et l'exposition. La grande mer des journaux du net dans tant de langues...
Gare de Lyon Part-Dieu qui m'explique quelque chose sans me lacher le bras qu'elle remonte avec insistance. Quelques débordements de ventre encore, boléros turquoise, parfum de Mugler, vêpres solennelles de Vivaldi, string de coton blanc. Tout est là, partout. Pour quoi faire ?

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Escalators 

Ma vie entre les quais, les trains, les métros et les centres commerciaux. Je m'installe devant les consoles des Fnac et Virgin..., je prends le casque. Les gens défilent, filent, montent, descendent, vont vite... et soudain je n'ai plus le son, plus le son extérieur comme si tout prenait le Mood ralenti, le Respiro, des méduses blanches... tous les disques de tous les rayons dans mes oreilles. Un lent travelling, plus qu'une longue bande son et je continue. Tout ceux qui passent autour de moi, bouts de vie muette que je reverse ensuite ici. Aimer les escalators, les longs couloirs des lignes souterraines, ce que l'on y voit de dos, à parfaite hauteur de regard, qui bouge et remue. Je découvre soigneusement la répartition entre les strings et les culottes. Une fois en bas je reprends l'escalators dans le sens inverse. Tout mon temps pour les escalators, les couloirs et les colonnes où l'on peut découvrir les sons neufs. L'impression de vivre dans un grand mouvement dont tout m'échappe, où je ramasse des milliers d'images de plaisirs que j'absorbe et que j'épuise avant d'avoir eu le temps d'en rien faire et que les galleries ferment, que le train repart, que l'échange des passagers à chaque station m'oblige à tout reconstruire... Pas assez rapide, alors je me réjouis de tout ce débordement que je vois filer de toute part dont j'ai oté le son pour y mettre un casque à la place en attendant la fin.

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Plis 

Ligne 14. Chaussures golf bicolore blanc et gris. Un peu grasse, les cuisses ouvertes avec un peu de sueur qui brille sous les yeux. La racine noire devenue très visible des cheveux rouges, mais la peau blanche, fragile, qui marque, le tissu très doux, le bras potelet et sans quasi aucun poils. Imaginer l'ensemble. Fragilité onctueuse des peaux lisses avec plis. Une montre argent et cuivre, une jupe peau de lézards et un foulard vaporeux brique, bleu et gris sur les seins, le cou avec les plis. Qui se passe les doigts et découvre de légères marbrures et une petite discontinuité d'éphélides. Un sac bi avec des palmiers, déjà un imper noir, et qui lit un roman avec scotché le code dewey des bibliothèques. A peine quelques stations pour tout retenir. J'ai tout mon temps.Je profite de ces moments. Je m'en fais toute une histoire comme si c'était toute mon histoire, une vie, tout ce qui se bouscule dans ma tête, les pensées que je ne lis pas dans son regard quand elle relève la tête et regarde ce que je regarde comme la bande son muette des Ailes du Désir.

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Rose 

Train de 7h48. Les cheveux encore mouillés. Qui sort de sa douche. Je l'imagine la tête en arrière, qui se savonne, s'attarde sous l'eau chaude, la circulation de sa main et du savon. Je lève la tête, son regard qui se déplace dans le flou, la bouche ouverte comme soudain surprise, encombrée, acculée. Eviter cette intrusion, ne rien forcer, ni obliger, lui laisser le temps de reprendre une respiration régulière. La bouche qui bouge. Comme une contenance ou comme pour dire quelque chose. Toujours la bouche rose entre ouverte comme le tee shirt et la petite chaîne d'or. Puis peu à peu à l'aise, satisfaite, prenant le dessus, se léchant un peu les lèvres. Qui me regarde avec satisfaction. Et puis petit baillement et se passer la main sur le visage. A nouveau qui s'échappe tel qu'au réveil sans regard importun. Vulnerable à nouveau. Se mordre aussi un peu les lèvres. Toujours les mêmes petites choses. Mais toutes les bouches sont douces et cette répétition à l'infini ne retire le goût d'aucune. Il n'y a pas d'usure ni de lassitude du plaisir, tout juste un vieillissement comme des Invasions Barbares. N'en vouloir jamais. Peu importe que ça n'y change rien. Avec du gris, du orange et un zip. Deux bagues à la main gauche. Jogging blanc avec une culotte. Faire plaisir. Ne pas agresser. Entre les esquisses de séduction et l'indélicatesse du voyeur. Passer de l'oeil du ventre au regard, du nombril au visage. Insister sans insistance. Entreprendre avec discrétion. Echapper aux larcins des regards. Poser les yeux sur Rose à mesure qu'elle y consent. Vérifier tout le chemin parcouru en un trajet de train le matin. De l'anonymat aux abords d'avoir pu se parler... A quai.

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Centre commercial 

Samedi. Re un peu chaud. Je file au centre à côté, immense de monde, pas de place pour se garer, trottoires, abords tout encombrés. Bouffée de chaleur quand je sors. Comme une masse lente de gens qui déambulent. Bulle gonflée au milieu des champs et des milliers de gens qui font quoi et qui marche avec lenteur. Bonne chaleur, toutes les bouées des ventres nus, grappes de muteen avec les couleurs de peau propre. Les bourreleuses qui donne envie de les caresser un peu. Même avec une poussette une grande avec haut rouge, long cheveux droits et noirs et enceinte de la fin avec sa taille basse qui dégage tout cet arrondi. Que font-ils, pourquoi ici, un si beau samedi de septembre. Les magasins, un truc avec une mannequin plastique qu'on a débraquetté. Les regards que j'observe quant elle regarde des culottes dans un tamtam. Comme si tout était au ralenti que j'avais mon ipod aux oreilles avec steve reich. Taille basse qui découvre cette belle flaque de ventre massive de ces filles, avec la pente des fesses comme entre deux seins qu'on voit et le pubis qui pourrait apparaître. Je prends une tarte au citron chez Paul, regarde les mms et les jeux pour pc. Il faut que je file. Mais pourquoi ne pas m'asseoir, poser Trauma que je viens de prendre à la fnac et regarder tout ça jusqu'à dimanche.

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Squash 

Dans une voiture, le moteur qui tourne, voracité qui se serrent, qui sont-ils ? pourquoi se voir là ? cet apétit là ? depuis combien de temps ne se sont-ils pas vu ? les difficultés qu'ils ont, le peu de temps ? mais ça leur va.... Des désirs pleins qui sont extraits de la vie quotidienne de chacun d'eux séparément. Pourquoi n'en veulent-ils pas plus ? Les adultères des salles de sports.
Très vite, nous sommes mouillés. Frappé avec force. Les gens qui passent. Voir bouger celles qui frappent, qui courent. Ce beau remuement. Les seins qui ne tiennent pas. Les visages essoufflés, rougis, humides. Hall immense, tennis, squash, badminton... des bruits secs... plein soleil... des tailles basses qui bougent partout. Les nombrils comme un oeil vigilant. Après, siroter un ouzo frais sous des grands frênes.

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Taille basse 

Le temps plus frais et les chemisiers qui s'alllongent. Les quelques moments par jour où les objets de ce journal passent. Dans le train, grande, un peu large, cette tranche nue que bientôt avec l'automne on verra de moins en moins, cette belle mollesse du ventre qui bourle à la taille basse des vêtements. J'aime voir le coton blanc et anonyme de la culotte plus intriguant que les strings rouges vues en Allemagne ou sur l'Atlantique cet été. Un peu de gras doux, le nombril, les petits tatouages d'iris ou inidentifiables qui descendent du dos où remontent des fesses. Plus loin à la sortie du train, deviner la répartition des culottes et des strings dans les escalators, tout ce qui bouge... Essayer de continuer et concentrer cet inventaire. Que le matériel, pas même les barres mats de sueur des métros ou les molesquines des banquettes qui garde un peu d'humidité quand elle se lève après les chaleurs d'aout... seulement les petits faits de désirs. Dédoubler le désir... les moments où il s'épuise, les moments où il agresse, les moments où il est fluide et se répend sur tout ce que je vois. Maintenir cette obsession.

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